Montpellier 2021, l’Afrique va t-elle avancer et tourner la page ?

19 octobre 2021

Montpellier 2021, l’Afrique va t-elle avancer et tourner la page ?

La curiosité m’a poussé à m’intéresser au renouvellement en 2021, des vœux entre d’une part, l’Afrique avec la diversité de ses nombreux pays et d’autre part, la France avec son passé envers ces derniers. Oui, des vœux pour une relation moins héritée et plus égalitaire.

Ces rencontres entre plusieurs entités Africaines et la France, revêtent un nouveau style en 2021. Une nouvelle saveur, celle de l’absence de personnalité politique du continent. Encore moins de parti politique (au pouvoir,de l’opposition), en gros pas de présidents.

La grande Afrique en carte

Le poids de l’histoire a façonné l’Afrique d’aujourd’hui

J’en conviens le rappel de l’histoire, les plaies, l’amertume ne seront jamais assez dits, assez défendus, assez remis en relief. L’esclavage et le paternalisme des pays colonialistes est flagrant. Bien qu’en 2021, et même connu de tous les participants, des jeunes peut-être, on en parle comme d’un fait méconnu. La mémoire ne s’effacera jamais et chaque pays d’Afrique gardera ce devoir de transmission aux générations futures, pour les Africains.

A plusieurs reprises, c’était le but caché de la manœuvre, le seul président sur la scène, a été poussé dans les cordes. Il a servi de punchingball, il était la cible visible et le coupable tout trouvé, à tout. Je rappelle nous sommes en 2021 et j’avais cette impression de déjà vu; ces échanges entre le onze et le président français, est un scénario prévisible et sans surprise. Fallait s’y attendre, ayant la parole, les langues se délient, pour un style sans langue de bois et des mots derrière les maux ancestraux.

J’ai pas eu l’impression que le seul président présent et au centre du viseur ait été désarçonné. Bousculé peut-être, mais pas décontenancé en totalité. Il avait des réponses posées, des réponses construites et surtout une assurance, une sincérité qui mérite plusieurs crépitements de mains qui s’entrechoquent.

L’exercice avait l’air attendu par tous et je dirais même plus, entendu par le président. Dire ce que la France a fait, dire ce que la France fait, nous ne le savons que trop bien, nous ne l’ignorons point, ce n’est pas un secret, n’est-ce pas ? Et donc un sommet avec des jeunes, je rappelle nous sommes en 2021, était-ce vraiment salutaire pour l’Afrique ? pour dire des trucs de vieux ?

C’est pas du vécu, c’est du connu et c’est du tout vu

Il faut toutefois, louer le courage de tout un chacun des participants à ce sommet, d’avoir permis cette ouverture pour bâtir après 2021, les futurs échanges:

  • 11 personnes sur scène, parmi les 5.000 lors du sommet de Montpellier 2021 et 5.000 personnes sur plus d’un milliard que compte le peuple Africain, ont tapés sur la France et son passé.
  • Onze fougueuses personnes ont frappées la France sur son présent avec l’Afrique et les choses à arrêter de faire.
  • Un effectif de football, de condensés d’idées, de réflexions et de directions pour un futur plus juste et plus autonome.

Le sommet n’est pas nouveau, et très souvent dénigré quand les présidents y participent. Cette fois-ci, construit dans un format symbolique, tout est fait pour qu’une portée historique puisse épouser les lèvres des participants.

Ne soyons pas naïf, et c’est le point, la rencontre à Montpellier en l’an 2021, initiée par la France. C’est un rassemblement d’Africains devrait accoucher de quoi de plus différent que ce qui est déjà en place ?

Messages forts d’un côté et support attendu de l’autre

Une pléthore de personne composait les participants, une pléthore d’opinions et donc de “choix de revendications”. Une liste est établie, sera t-elle mise en œuvre ? parce que la société civile (ne faisant pas partie des instances décisionnaires en Afrique) a parlé avec le président français ? j’en doute fort.
Les sociétés civiles représentées en majorité lors de ce sommet de 2021, s’expriment, poussent un cri de reconnaissance, un cri de légitimité… Mais est ce que c’est le meilleur endroit ? le meilleur auditoire pour s’exprimer ? Par contre, le meilleur punchingball, je pense que oui, non ?

Oui, aux Africains, leur propre avenir. Toutefois cette “scénarisée et attendue” joute verbale, ne me surprend guère, j’ai une impression de “je t’aime, mon non plus”. Genre, le onze est là pour taper sur la France donc nous ne voulons plus de vous; par contre, nous ne voulons pas votre absence totale … Les intervenants face au président étaient dans une posture, de liberté de parler. Peut-être voulue et attendue du sommet, tutoyer la plus haute marche du pouvoir français, se donner l’image de franc tireur. Tout cela sur des sujets et des faits qui ne sont étrangers de personnes en Afrique. Je rappelle encore, nous sommes en 2021, c’est du tout vieux tout ça.

C’est bien que ça sorte, il y a une libération, mais aussi comme une grande attente en retour. Pour le coup, je ne pense pas que cela soit constructif pour l’Afrique, je ne le vois pas ainsi dans leurs discours.

Un sommet organisé par la France, une parole de fin du sommet donnée au président; la restitution “petit à petit” de biens Africain, la création d’un fonds pour le développement de la démocratie… avec la France aux commandes ? avec la France comme partie prenante ?

Le « je t’aime, moi non plus » est versatile et non constructif

Le onze ne veut de l’AFD (sa dénomination et l’histoire en Afrique) qui “finance, accompagne et accélère les transitions vers un monde plus juste et durable”. De l’autre côté, le même onze et l’auditoire de 5.000 personnes applaudissent, ne refusent pas, ce nouveau concept de fonds. Parce que les sociétés civiles auront une part d’aide plus importante ? Qu’apportera ce fonds (initié par la France pour accompagner l’Afrique), que l’AFD n’a pas déjà pensé, fait ?

Mettre la pression, directement à un président, sur des faits et des actes de siècles lointains; lui demander, le forcer, l’inciter à dire “pardon” n’est pas, en 2021, la manière optimale de vouloir créer un lien. Des entités de part le monde se battent pour une réparation, une reconnaissance, une excuse… ce sommet n’en est pas vraiment un, car déjà en cours sous d’autres formes et des associations. Et pour confirmer ce point, ce cheminement est long et ne dépend pas d’un seul “vouloir”. L’église (plus uniforme que les chefs d’Etats), a eu le Pape Jean Paul II, pour un “pardon” sur l’esclavage.

Au cours de l’échange une grande dissonance m’ait apparue; d’un coté, l’Afrique n’a besoin que de l’Afrique. Et puis de l’autre questionner, quémander une légitimité de la société civile Africaine. Les sociétés civiles ne dirigent pas des Etats, cela n’est pas leur but premier, les partis politiques par contre, oui. Changer les choses, oui, mais de l’intérieur déjà, essayer de trouver un consensus qui portera la pensée de changement. La démarche de cette société civile à être dans les affaires politiques est peut-être une velléité de postes de pouvoir, de “star system”…

l’Afrique est dans le monde

L’Afrique s’aidera elle-même

De toutes ces interventions, face à l’autorité actuelle en France, c’est trop de symbolique forcée et de prévisibilité. Au dépend de vrais possibilités de sortir du joug de la France, de l’Europe, des USA, de la Chine… Que l’Afrique s’aide elle-même, oui, c’est le vœux. De là qu’elle le revendique dans un sommet avec une nation extérieure, c’est pas très jolie.

Le désir d’une Afrique moins dépendante de l’extérieur est réelle et souhaité. Ceci est portée par les différentes indépendances acquises depuis plus de 60 années déjà. Le changement de l’intérieur, dans chaque patrie, commence en Afrique même: avec elle seule aux commandes de la direction. Réussir à se mettre d’accord entre Africain, mettre la concurrence de coté; le chauvin naturel qui sommeille en chaque Africain aussi, est à supprimer pour avancer.

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